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Libération
Critique

Intox sur les faux. L'exposition gâchée. Comparer la copie à l'original aurait été instructif. Raté faute d'oeuvres. Un ami de Cézanne et de Van Gogh: le docteur Gachet. Galeries nationales du Grand Palais, Paris. Catalogue 300 pp. 240 FF. Tél. 0 803 808 803. Jusqu'au 26 avril.

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publié le 30 janvier 1999 à 23h22

Cherchez l'erreur. Le jeu aurait pu être amusant et instructif.

Voici l'original et voilà la copie. A partir de là, les divers procès pour faux et usages de faux auraient révélé leur iniquité. L'exposition qu'Anne Distel, conservatrice au musée d'Orsay, consacre au docteur Gachet réunit quantités de copies exécutées par le Dr Gachet, par son fils et par sa protégée, la jeune couturière Blanche Derousse. Copies d'après Pissarro (Etude à Louveciennes, neige) ou Cézanne (Pivoines) et objets -genre pinceaux et palettes- ayant appartenu à Van Gogh et à Cézanne composent un environnement fétichiste autour de la famille Gachet. Hélas, la démonstration tourne court. L'occasion était pourtant belle d'élaborer in vivo une véritable leçon de peinture. A gauche, l'oeuvre de maître; à droite, la reprise de l'épigone; et autour, les clichés de laboratoire comme autant de pièces à conviction. Au lieu de quoi, la plupart des originaux sont restés chez eux. La mémoire est sollicitée là où il eût été facile de convoquerla preuve par l'oeil. Quand l'étude comparative est possible, avec Une moderne Olympia de Cézanne, l'accrochage la contrarie. Original et copie sont certes fixés à la même cimaise, mais séparés par un écart tel qu'il est impossible de les embrasser d'un seul regard. L'observateur est contraint d'imiter le spectateur des tournois de tennis avec son balayage visuel gauche-droite et retour. L'exercice a son charme sur les gradins, il devient idiot au musée. Quant au point de vue sc