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Libération
Critique

Achard, l'enfance de l'art. Autour de la famille, un premier long métrage saisissant. Plus qu'hier, moins que demain, de Laurent Achard avec Martin Mihelich, Laetitia Legrix, Mireille Roussel, Pascal Cervo, Lily Boulogne, Daniel Isoppo, Vincent Martin, Zakariya Gouram ... 1 h 26.

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publié le 3 février 1999 à 23h35

Si le premier conseil à donner à propos de Plus qu'hier, moins que

demain est de s'y ruer vite et en masse, il faut aussi refiler au spectateur ce tuyau amical: accrochez-vous bien au film (et toute votre concentration avec) dès ses premières secondes. D'abord, pour apprécier la fermeté d'une mise en place comme on en voit rarement dans un premier film; ensuite pour être tout à fait à l'aise avec l'écheveau familial sous le signe duquel l'histoire se place d'emblée; et votre attention sera mille fois récompensée.

Une dynamique. La «mise en place», ici, se comprend à deux niveaux: la manière dont un cinéaste choisit de commencer une histoire et la façon dont ce cinéaste entend camper dans le paysage artistique environnant. Pas démonté, Achard fait glisser l'une sur l'autre et superpose aux perspectives promises par le film le geste quasiment politique d'une éclosion calculée. Ainsi, puisque de mise en place en mise en scène il n'y a qu'un pas, Laurent Achard profite-t-il d'une dynamique de l'art et de la vie pour inventer un regard dont le film fera le carburant à sa locomotion.

A quoi cela ressemble-t-il? A priori, au paysage archétypique du cinéma français, dont les canons se repassent en douce de Vigo en Renoir et de Pialat en Breillat (la famille, la province, l'enfance, les couples, l'initiation): une tribu qui va plutôt mal est réunie de façon impromptue un week-end de fin d'été, à l'occasion de l'inauguration d'une conserverie familiale. Parmi ces gens qu'on est très vit