Entretien avec le réalisateur argentin de L'heure des brasiers, de
Sud, et du Voyage.
Six ans entre ce «Nuage» et «le Voyage», votre précédent film" A la fin du Voyage, en 1992, j'ai été victime d'un attentat. J'ai mis six à huit mois à récupérer mes jambes. Je me sentais dévoré de doutes: devais-je quitter le pays? L'exil, dont j'étais rentré en 1984, j'en avais déjà fait huit ans. J'ai choisi de rester en Argentine et d'aller plus loin dans mon engagement politique. Je n'ai jamais eu l'intention de devenir un politique professionnel, mais si je tenais à rester cohérent avec les valeurs qui ont guidé ma vie, c'était le moment de prendre mes responsabilités. J'ai fondé une nouvelle force rassemblant la gauche et le centre gauche, j'ai été élu député, et j'ai exercé mon mandat de 1993 à 1997" Une expérience amère, si on en juge par «le Nuage»?
Pour moi, ces quatre années ont été difficiles, mais très enrichissantes. J'ai appris beaucoup, j'ai voyagé beaucoup, et j'ai découvert mon pays. J'ai aidé plus de 160 projets au sein de la commission culture, j'ai travaillé à la réforme de la constitution, j'ai concouru à l'introduction de la «clause culturelle». J'ai soutenu des combats, affronté une dizaine de procès, dont certains émanant du Président et de membres de son gouvernement, qui m'accusaient de calomnies: je n'en ai perdu aucun.
Cela dit, dans un pays où les gens aiment les discours démagogiques, je garde un vision lucide. Au cours de ces années, l'Argentine a reculé. La de