Buffalo’66 est le premier film réalisé par l’un des acteurs US les
plus magnétiques du moment, Vincent Gallo, repéré en macchabée chez Ferrara (the Funeral) ou mitron enfariné chez Claire Denis (Nénette et Boni). Les déclarations fracassantes du type au moment d'un passage français à Deauville, envoyant chier la terre entière et prenant la pose de l'artiste conceptuel outragé par la vulgarité des gens du cinéma pouvait, selon les points de vue, rendre son film plus ou moins aimable.
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'en effet Gallo multiplie tout au long de ce coup d'essai les signes de l'auteurisme le plus débridé: split screen, jeu hystérique, récit déstructuré, dialogues alambiqués, séquences oniriques dansantes" Que Gallo ait choisi de se distribuer dans le rôle principal d'une teigne juste sortie de taule kidnappant une fille un peu trop compréhensive (la géniale Christina Ricci) aggrave encore la dimension narcissique de l'affaire. Se dépeignant sous les traits d'un type macho imbuvable, fat, infantile, torturé, plein de haine pour lui-même et ceux qui font mine de le supporter, Gallo convoque, pour leur jeter trois scènes humiliantes à la gueule, Angelica Huston ou Ben Gazzara, des gens plutôt classes donc. Même si Buffalo'66 est traversé de quelques moments mémorables (la première scène et une tuerie rêvée à la fin), l'ensemble donne l'impression que l'auteur-acteur s'octroie en toute flemmardise et insolence des satisfecit en série. Regardez à quel point je suis