C'est un spectacle en forme de double énigme. Celle d'Io, figure mystérieuse de la mythologie grecque, jeune fille aimée de Zeus avant d'être transformée en génisse et condamnée à une longue errance autour du bassin méditerranéen, qui donna son nom au Bosphore, le «passage de la Vache». «Son ascendance est douteuse, rappelle Bruno Bayen, auteur et metteur en scène de la Fuite en Egypte (1), le trajet de son voyage imprécis, comme le nombre de ses enfants. Obscure, la fin du fils qu'elle eut de Zeus, obscure, sa propre disparition. A-t-elle une histoire? Ou est-elle une géographie et une constellation de légendes de Méditerranée?» La pièce de Bayen ne prétend pas répondre à cette incertitude sur les origines, le destin et la nature d'Io. Les amateurs d'explication et les férus d'histoire antique en seront donc pour leurs frais: la Fuite en Egypte est aussi «obscure» que la légende dont elle s'inspire. De cette obscurité jaillit pourtant une lumière. Ou plutôt des lumières.
Mappemonde. Dans la scénographie imaginée par Bruno Bayen, une vaste carte de l'Europe et de l'Afrique du Nord, doublée d'une mappemonde, est constellée de points qui s'allument et s'éteignent, comme autant d'escales. Ou de repères furtifs mais familiers qui clignotent pour rappeler que c'est bien de notre monde dont il est question. Un point brille plus longtemps que les autres, du côté de ce Caucase où, selon la légende, Prométhée fut enchaîné et reçut la visite d'Io, ancêtre d'Héraclès, son libérateur. Li