Monet moderne, ou «modern Monet»! Tel est le slogan médiatique qui,
à l'extérieur comme à intérieur de l'exposition de la Royal Academy, martèle le génie du peintre à peine n'était-ce la grenouille en peluche qui sert de mascotte français. Monet moderne, donc. C'est tout. Et ce n'est pas rien: à la Royal Academy ont été réunies 80 peintures avec, en bonus, une confrontation exclusive entre trois immenses tableaux (plus de 4 mètres de large) rassemblés de New York, Zurich et Londres; seules les grandes décorations fixes de l'Orangerie, à Paris, sont restées sur place. L'exposition Monet de Londres se concentre exclusivement sur les années d'activité que le peintre vécut après 1900, les sabots bien ancrés dans notre siècle (il mourut en décembre 1926, à l'âge de 86 ans). Car Monet enjambe deux siècles, le XIXe et le nôtre, ce qui fait qu'on le trouve aussi bien dans les collections d'Orsay qu'au Musée d'art moderne de New York, loin de l'impressionniste cliché et pas très loin de Braque ou Matisse. Artiste total et jardinier. Or ce qui frappe d'abord, à voir sérieusement ce qu'on n'a finalement jamais vu (combien de Monet encore en mains privées, combien épars dans de lointaines collections japonaises), c'est plutôt le côté dixneuvièmiste de l'artiste. Et ce, même lorsque ce siècle a déjà largement trépassé: ses peintures aux tonalités turquoise et roses de bonbons acidulés possèdent un vrai côté suranné. De plus, l'exposition très «anglicisante» de Londres place Monet en