Nantes, correspondance.
En deux jours, Henri Demarquette aura bien trimballé son violoncelle. Invité comme quelque huit cents autres musiciens à cette «Folle journée de Nantes», il a joué cinq fois dans l'imposante Cité des congrès, enchaîné sonates de Franck, de Debussy, de Roussel, interprétées avec quinze musiciens différents au sein de deux trios, en quatuor, en sextuor et en septuor. «Déjà, pour les musiciens, c'est génial, confie-t-il. D'habitude, on se croise. Là, on a le temps de jouer ensemble, de s'écouter. Je ne connais pas d'autre festival où seize pianistes soient invités en même temps! En organisant cette Folle journée, René Martin ose faire jouer une même oeuvre par plusieurs interprètes: d'ordinaire, on évite de placer les artistes dans la comparaison. Alors que, pour le public, ça concourt à affiner la perception.» Cette concentration d'une centaine de concerts classiques en un seul lieu passionne autant les mélomanes avertis, qui apprécient d'écouter des oeuvres peu jouées, par des formations rarement réunies de surcroît, et le grand public, curieux, drainé par la renommée sans cesse grandissante de l'événement. D'autant que ce festival n'offre pas de concert digest, ni de possibilité de zapping au gré de la déambulation: toutes les oeuvres sont jouées intégralement, et les portes fermées au début de chaque représentation.
De la musique française, beaucoup ne connaissent a priori que le Boléro de Ravel, la Symphonie fantastique de Berlioz, quelques morceaux