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Libération
Critique

Ces mois, c'est nous.

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«Fin août, début septembre» d'Olivier Assayas explore le sentiment de mortalité. Universel et infiniment humain.
publié le 10 février 1999 à 23h41
(mis à jour le 10 février 1999 à 23h41)

Chaque nouveau film d'Olivier Assayas est provisoirement le meilleur. Fin août, début septembre n'échappe pas à cette agréable singularité. En attendant donc le prochain. Ce qui ne veut pas dire, idée un peu repoussante et scolaire, qu'Olivier Assayas progresse. Ou encore, version paradoxale de la même idéologie du progrès, que son septième film de fiction ne fait que répéter le premier (Désordre, en 1986). Ni surtout qu'Assayas aurait atteint aujourd'hui une maturité morale et une maîtrise esthétique qui lui faisaient auparavant défaut.

Ce qui frappe et séduit dans Fin août, début septembre, c'est au contraire sa magnifique immaturité, son enthousiasme à l'oeuvre, sa façon de se jeter dans le trou noir du cinéma comme si c'était indifféremment la première et la dernière fois. Assayas ne sacrifie pas pour autant aux arcanes du spontanéisme et autres fadaises sur l'instinct, la sincérité ou le brutalisme, éternels cache-misère de l'absence totale d'idées, plus connue au cinéma français sous le nom de maniérisme (les manières sans art). Fin août, début septembre réfléchit, s'inquiète et doute. Autant dire qu'il nous regarde pour peu qu'on pense, pour soi, avec les autres, à devenir ce qu'on est.

Péril en la chronique sociale.

C'est l'histoire d'un groupe, plutôt une fédération qu'une famille. Des garçons et des filles, plutôt que des femmes et des hommes, distribués dans une galaxie affective (amour ou amitié) où le plus vieux d'entre eux, Adrien, la quarantaine, semble le plus solaire. D'autant qu'Adrien est