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Libération
TRIBUNE

La France vient d'autoriser la sécurisation des communications téléphoniques et électroniques. Enfin le droit de ne pas être écoutés.

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par Olivier Debouzy et Thaima SAMMAN
publié le 10 février 1999 à 23h41

Le fameux «cabinet noir» ­ officine chargée d'ouvrir les

correspondances diplomatiques et privées ­ fut, avec l'usage des lettres de cachet, l'une des pratiques les plus contestées de l'Ancien Régime et les Etats Généraux de 1789 s'empressèrent de l'abolir. Hélas le «bureau du secret» réapparaît sous le Directoire et connaît, depuis, une prospérité et une longévité qui survit à tous les régimes: les «écoutes» sont bien une tradition française.

Aucun gouvernement ne s'était donc, jusqu'à présent, risqué à remettre en cause cette situation: il est illégal, pour une entreprise ou une personne privée, de vouloir protéger sa correspondance ou ses communications en les chiffrant mais les pouvoirs publics ont, eux, le droit d'écouter les conversations ou de lire les correspondances privées. Jusqu'aux années récentes, les communications étaient de surcroît facilement «écoutables»: les lignes téléphoniques fixes, gérées par un opérateur public unique, permettaient des interceptions aisées et les titulaires de téléphones «sécurisés» se limitaient à quelques centaines de hauts fonctionnaires. L'usage de moyens de chiffrement étant essentiellement réservé aux diplomates et aux militaires, pour des missions relevant de la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat. Transparence d'un côté, opacité de l'autre.

L'avènement de la «Société de l'Information» ­ la multiplication exponentielle des types et des moyens de communication internationaux et mobiles ­ a renversé cette logique. La société