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Libération
Interview

«La solitude produit une réflexion saine sur la vie». L'adoption qu'il a vécue, l'avenir du cinéma kirghiz: propos d'Abdykalykov. Le Fils adoptif (Beshkempir), d'Aktan Abdykalykov, avec Mirlan Abdykalykov, Albina Imasheva, Adyr Abdylkassimov"", 1h21.

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publié le 10 février 1999 à 23h41

Rencontre parisienne avec Aktan Abdykalykov, né en 1957 dans le

village de Kountouou (région de Sakoulou) en Kirghizie, auteur de nombreux courts métrages remarqués dans les festivals et d'un premier long métrage archi-primé (léopard d'argent à Locarno, Prix du public à Vienne, trois prix au récent Festival d'Angers) et remarquable.

«Le Fils adoptif» est il un film autobiographique?

Le Fils adoptif se fonde en effet sur ma propre expérience d'enfant adopté. En Kirghizie, nous n'avons jamais eu de loi sur l'adoption, mais il existe une tradition ancestrale qui permet à un couple d'offrir l'un de ses enfants à un couple qui ne peut en avoir. Lorsque l'enfant parvient à l'âge de raison, il l'apprend et peut choisir de retourner dans sa famille naturelle ou rester chez ses parents adoptifs. Ces échanges ne sont pas vécus, a priori, comme problématiques, mais, en ce qui me concerne, c'est quelque chose qui, devenu adulte, s'est mis a me tracasser, je me suis demandé pourquoi j'étais passé ainsi de main en main comme un objet, pourquoi on a disposé de moi de la sorte. Ce sujet est une source d'angoisse et d'inquiétude qui ne me lâche plus. A un moment donné, j'ai commencé à m'éloigner des gens et à me poser la question «qui suis-je?». Cette question, on ne se la pose sérieusement que dans les grands moments de solitude" La solitude est un sentiment propre à tous les artistes, qui sont de toute façon esseulés à l'intérieur d'eux-mêmes. La solitude produit une réflexion positive, sain