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Libération
Critique

Pipeau. Intox cinéphile, «PI» est un objet fumeux.PI, de Darren Aronofsky, avec Sean Gullette, Mark Margolis, Ben Shenkman, 1 h 25.

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publié le 10 février 1999 à 23h41

Prix de la mise en scène au Festival de Sundance 1998, PI, premier

long-métrage de Darren Aronofsky, nous arrive précédé d'une rumeur extravagante de film culte comparable en terme de sensation arty et expérimentale au Eraserhead de David Lynch. Disons, pour faire bref, qu'Aronofsky est à Lynch ce que l'auteur des devinettes Carambar est à James Joyce.

Filmé par-dessus la jambe dans un noir et blanc charbonneux, PI se penche sur les maux de tête d'un imbécile qui se prend, à force de se presser le citron, pour un génie scientifico-philosophique prêt de toucher au Graal explicatif de notre bas monde. Brassant numérologie, théorie de la relativité, du chaos, du code génétique, glose de la Torah, âge du capitaine et du moussaillon, addition du doughnut + café, jeu de go, chiffres du dernier quinté, cryptographie, cours de la Bourse, et tout ce que qui peut produire un maximum de brouillard intellectuel, PI bricole à vue, pédale dans la semoule paranoïaque, se prend au minimum pour une succursale ciné des livres de Pynchon avant de s'abolir dans le gore talmudique. Tout est normal.

Ce n'est pas bien grave, se dit-on en lorgnant sa montre, pas de quoi s'énerver. Et puis si, finalement, parce que ce genre d'objet malhabilement maquillé en phénomène cinéphile passe des deux côtés de l'Atlantique pour le nirvana underground et le haut du panier indépendant US. On sait que ce secteur n'est pas au mieux de sa santé mentale et esthétique actuellement, les derniers raouts de Sundance l'ont