Conservateur au Musée national d'art moderne de Beaubourg, Didier
Schulmann a révélé hier les découvertes récentes permettant de retracer le sort, sous l'occupation nazie, d'une peinture de Fernand Léger de 1914, Femme en rouge et vert (100 x 81 cm). Ce qui pourrait permettre sa restitution cinquante-huit ans plus tard. De Paris à Coblence. Les conservateurs ont en effet trouvé aux archives fédérales allemandes de Coblence une liste de 111 oeuvres pillées en septembre 1941 au 21, rue La Boétie, à Paris, dans les locaux où se trouvait la galerie de Paul Rosenberg. La grande masse de cet inventaire est formée de productions de second rang, mais, sur la première page, figurent six oeuvres plus importantes: une Mère à l'enfant de Picasso, deux natures mortes de Braque, une aquarelle de Renoir, une nature morte de Léger de 1919, et cette peinture cubiste de 1914 clairement désignée (Frau im Rot und Grün) avec ses dimensions. Un gros tampon «HG» apparaît en marge de cette peinture-ci et d'une nature morte aux fruits de Braque. Cette marque (découverte sur d'autres listes de pillage) indique que ces oeuvres, considérées comme «dégénérées», ont été échangées contre des peintures jugées plus convenables, à l'intention d'Hermann Goering. Jusqu'alors on savait simplement que le tableau avait été découvert à Aufhofen, en Allemagne, au printemps 1948 dans une des caches de Gustav Rochlitz, marchand attitré de Goering. On savait aussi par les notes de Rose Valland, qui était «l'oeil» de