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Libération
Interview

Dominique Cabrera : «Filmer ma vie dans ma vie».

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CINEMA. Autour du festival Vies privées, à Paris, entretien avec la réalisatrice Dominique Cabrera.
publié le 13 février 1999 à 23h43

La Pudeur et l'impudeur. Dans ce titre, Hervé Guibert dessinait l'entre-deux où il avait su se filmer; lui, sa maladie, son désir. Depuis, on ne compte plus les cinéastes à s'immiscer dans cette brèche cinématographique. Délaissant les artifices de la fiction pour parler de soi, d'une rupture, du grand-père exilé, du secret de famille" La matière est la même, qu'on pourrait définir comme «l'intime», répond l'association Documentaire sur grand écran avec la projection de vingt-trois films.

On trouve dans cette étrange famille cinématographique des documentaristes réputés «tournés sur eux-mêmes», comme Sophie Calle (No Sex Last Night), Joseph Morder (Voyage à Rouen) ou Jonas Mekas (Souvenirs d'un voyage en Lituanie); aussi des réalisateurs tournés vers le monde, voire engagés, tel Robert Kramer (Berlin 10/90), Johan Van der Keuken (Derniers Mots, ma soeur Joke). Puis des cinéastes de fiction. Evidemment Nani Moretti pour l'ensemble de son oeuvre (Journal intime), mais aussi, plus momentanément (JLG/JLG, autoportrait de décembre), Jean-Luc Godard.

Passage à vide, stade initiatique, épreuve de vérité: face à quelque chose d'aussi indécent que le fait de parler de soi, les cinéastes choisissent souvent le minimalisme. Une caméra vidéo, parfois un micro, le même dispositif qui avait été offert à Hervé Guibert par TF1 en 1991. «Il y a quelque chose de réduit dans ce cinéma, note Carole Desbarats, enseignante de cinéma, qui semble les autoriser à franchir le barrage de la