Berlin envoyé spécial
Qui endurerait, sans risque de grave perturbation mentale, de lire le matin un roman de la collection «Arlequin», le midi un essai sur la poésie mongole et le soir les oeuvres complètes de Mickey? C'est pourtant à ce genre de pataquès qu'expose un festival de cinéma, qui plus est aggravé par la relation des faits et gestes des indigènes: Nina Hagen, objet du documentaire Punk + Glory de Peter Sempel, a exposé au palais des festivals un collage à sa façon (sa famille, ses amis, ses voyages en Inde). Catherine Corsini (la Nouvelle Eve) a profité d'une fiesta Unifrance Films pour montrer sa «Joinville» à tout le monde (en fait, sa montre sponsorisée par les fameux studios français). Et finalement, Terence Malick est apparu sur scène à la soirée de gala de la Ligne rouge pour déclarer qu'il n'avait rien à déclarer. Mais justement, compte tenu du fracas des images et des bruits, il ne faut jamais désespérer d'un festival de cinéma. Dans le pandémonium ambiant, il y a toujours un morceau de paradis. En l'espèce, présenté au Forum, un documentaire canadien de Jim Shedden consacré au cinéaste américain Stan Brakhage, intitulé" Brakhage. Pour ceux qui l'ignoreraient, soit la majorité de tout le monde, Stan Brakhage est une sorte de grand manitou fondateur, premier chaînon des Kenneth Anger, Jonas Mekas, George Kuchar ou autres Willie Varela, figures à peu près bien connues du cinéma expérimental américain de l'après-guerre. Le document fait donc son petit boulot