Malgré la brièveté de sa carrière (il meurt en Indochine, en 1954, à
l'âge de 41 ans), Robert Capa est une légende de la photographie. Venant en Espagne plusieurs fois pendant la guerre civile, il en a tiré quelques-uns des clichés les plus célèbres. Il est possible aujourd'hui de mieux évaluer l'ensemble de cette oeuvre, sans la réduire à un certain nombre d'icônes héroïques, grâce aux 130 photos exposées au musée Reina Sofia de Madrid. On doit ce large échantillon du talent de Robert Capa à une donation de Cornell, son frère, lui-même photographe et directeur du Centre international de la photographie de New York, à une Espagne désormais démocratique (1). Madrid a été ému par ce don et par cette exposition.
Enfants, ombres" Il faut dire que la sélection, baptisée «Cara a Cara» («face à face»), fait la part belle à l'attitude, à la physionomie des simples gens, ceux du camp antifranquiste. Ce sont eux que l'on voit plein cadre: deux jeunes miliciens barcelonais côte à côte sur des chaises longues souriant au soleil, heureux de vivre cet été 1936 du soulèvement libertaire, de l'«illusion lyrique»; les enfants de Bilbao sous les bombardements de 1937, hallucinés devant des affiches de propagande républicaine; les ombres perdues de mars 1939, carcasses vaincues qui s'entassent au Perthus avant d'être parquées par les autorités françaises dans les camps des Pyrénées-Orientales.
Dans le catalogue, Richard Whelan, le biographe de Capa, nous apprend que le photographe est arrivé en