Mercredi, un mégatransporteur doit quitter Roissy avec le symbole de
la République française dans ses soutes. Un des avions les plus gros au monde, un Airbus «Beluga», a été spécialement affrété pour conduire la Liberté guidant le peuple de Delacroix à Tokyo, où le tableau doit être exposé six semaines durant. Ce n'est pas un mystère: les responsables du Louvre ont eu le choc de leur vie quand ils ont appris que Jacques Chirac avait promis de prêter cette peinture emblématique au musée national du Japon, lors de sa visite d'Etat dans ce pays en novembre 1996. De mémoire de conservateur, on n'avait jamais vu cela, en tout cas depuis le prêt de la Joconde au Japon en 1974.
Mais les Japonais avaient prêté à la France un chef-d'oeuvre de la statuaire bouddhique, le Kudara Kannon, exposé cinq semaines au Louvre à l'automne 1997. Lionel Jospin lui-même est intervenu pour que les Français honorent l'imprudente parole présidentielle.
Les conservateurs récalcitrants ont quand même fait observer que la peinture était fragilisée par sa taille (2,6 x 3,5 mètres). D'où la mobilisation de cet Airbus qui permettra de la faire voyager debout, dans un caisson antivibratoire, une des conditions de sécurité posées à son transport. D'ordinaire, cet avion transporte des parties de carlingue d'Airbus!
Trois Glorieuses. La composition de Delacroix a fait l'objet d'un véritable mythe dès le XIXe siècle, bien avant d'orner le billet de 100 francs. L'artiste l'a peint, non pour évoquer la Révolution fra