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Libération

«Yol» entre en terre turqueLe film de Güney est sorti après dix-sept ans de censure.

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publié le 17 février 1999 à 23h46

Istanbul correspondance

Après dix-sept ans de silence et d'aveuglement, le «roi laid» est de retour. Le cinéaste Yilmaz Güney, mythe révolutionnaire des années 70, mort à Paris en 1984 à 47 ans, rentre en Turquie grâce à son film Yol (la Voie) après dix-sept ans de censure. Mardi dernier à Istanbul, la projection d'une nouvelle version rénovée dans une salle archicomble du quartier de Péra a été accueillie dans un climat de nostalgie mêlée d'espoir et d'un certain sentiment de revanche. La presse turque raconte depuis une semaine l'aventure de ce chef-d'oeuvre de la cinématographie turco-kurde. Cinq personnes, dont Yilmaz Güney (ce pseudonyme désigne en turc «le Sud qui ne se décourage pas»), qui faisaient partie du groupe des créateurs de ce film, sont mortes aujourd'hui. Les spectateurs les ont applaudis très longtemps.

«Le plus grand film turc». Depuis vendredi, Yol est visible dans 27 salles de dix villes du pays, toutes à l'Ouest. Les habitants du Sud-Est, à majorité kurde, n'auront pas l'occasion de le voir. Un festival de films international avait été récemment interdit dans cette région, qui vit sous l'état d'urgence depuis plus de vingt ans, sous prétexte de risques de trouble.

Les acteurs et actrices de Yol, les meilleurs de l'époque et d'aujourd'hui, déclarent «comprendre mieux aujourd'hui la valeur du film». Halil Ergun croit que «c'est encore aujourd'hui le plus grand film tourné chez nous» et raconte en détail les difficultés du tournage. Güney, qui avait écrit l