Entre le modèle Elizabeth Schwarzkopf et la révélation Renée
Fleming, il y a toujours Felicity Lott. Mozartienne et straussienne d'exception depuis vingt ans, elle était, en septembre, une Maréchale toujours aussi radieuse de féminité mélancolique dans la reprise du Chevalier à la rose monté par Wernicke à la Bastille, et, deux mois plus tard, une Comtesse tout aussi émouvante dans la nouvelle production des Noces au Met. Si Felicity Lott s'impose par sa présence souveraine, elle possède surtout un timbre de velours incomparable, une palette de nuances subtiles et fortes à la fois au service de la mélodie française, comme on peut en juger en écoutant sa précieuse discographie.
Encouragée à devenir chanteuse professionnelle au Conservatoire de Voiron (à 15km de Grenoble, elle est d'abord une enfant «studieuse et timide» de Cheltenham, sa ville natale proche d'Oxford. Tentée par l'interprétariat, elle transite un temps par Voiron et la Sorbonne (en 1967). Mais la soprano perfectionne aussi son art de 1973 à 1977 à la Royal Academy of Music, découvrant le Shéhérazade de Ravel et les Chansons de Debussy. Après un Capriccio remarqué, c'est la consécration, en 1977 dans le Rake's Progress dirigé par Haitink à Glyndebourne. La suite est connue, qui la voit chanter sous la baguette de Solti et Mackerras, ou en vidéo dans le fabuleux Rosenkavalier de Carlos Kleiber.
En dehors de ses prestations à la Bastille, Felicity Lott régale régulièrement les Parisiens de récitals capiteux et louf