Les yeux plissés derrière ses lunettes, Andy Partridge bougonne un
peu, comme une marmotte prématurément tirée de son hibernation. La tête pensante d'XTC n'est guère habituée au tohu-bohu des grandes cités, et cette visite éclair à Paris ne restera certainement pas dans ses souvenirs comme des plus reposantes: grondement du métro, radiateurs d'hôtel aux cliquetis infernaux" Rien à voir avec l'atmosphère ouatée de Swindon, paisible ville provinciale entre Londres et Bristol, idéale pour une retraite que son calme pourrait facilement rendre définitive. C'est ce qu'on aurait pu croire, après sept années de silence forcé pour un groupe qui sut marier, il y a plus de vingt ans, les harmonies pop tombées en désuétude au milieu des années 70 avec la sève d'un courant post-punk roboratif. Si ce coup de fouet salutaire suscita l'émergence d'une kyrielle de groupes anglais redécouvrant leur bagage musical, peu de formations d'alors, hormis XTC, peuvent aujourd'hui prétendre à une pareille pérennité, fût-elle en dents de scie.
Car les obstacles n'ont pas manqué pour rendre la carrière de ce groupe chaotique. A commencer par le choix d'un nom: «Au départ, en 1975, on s'appelait The Helium Kidz, mais c'était trop glam-rock, nous avons dû changer. Nous avons alors pensé aux Dukes of Stratosphear, mais c'était trop banalement psychédélique. XTC sonnait plus moderne, et en plus on pouvait l'écrire en gros sur les affiches!» De 1977 à 1982, le groupe connaît les affres des tournées incessantes