à l'île Maurice,
Pillage, incendie, routes coupées, au moins cinq morts dont un policier: c'est le bilan provisoire des émeutes qui secouent l'île Maurice après la mort en prison du chanteur Kaya, incarcéré pour avoir fumé un joint de marijuana sur scène. Comment un simple joint a-t-il pu jeter l'île Maurice, réputée pour être la «Suisse de l'océan Indien», dans un tel chaos? Sous l'histoire apparemment simple la bavure policière qui crée un martyr et cristallise les frustrations de la jeunesse ce sont des forces beaucoup plus troubles qui se déchaînent et font craindre le pire.
Nouvelle étouffée. Tout a commencé le mardi 16 février, avec un concert pour la dépénalisation de la marijuana à Rose Hill, ville du centre de l'île. Organisé par un jeune parti d'opposition, le Mouvement républicain, il avait rassemblé six milliers de personnes autour de quelques groupes, dont celui du chanteur Kaya, Racinetatane (lire aussi page suivante). Comme il est d'usage dans ce genre de manifestation, Kaya et quelques autres avaient allumé un pétard sur scène. Deux jours plus tard, à l'aube, la police venait cueillir à leur domicile les chanteurs identifiés; mais en l'absence de preuves elle fut obligée de les relâcher, à l'exception de Kaya, qui admettait avoir fumé du gandia, comme on dit là-bas. Dès le samedi, la famille et les amis du chanteur réunissaient la caution de 10 000 roupies (2 500F). Mais, sa libération remise au lundi pour une raison obscure, Kaya ne reverra jamais la liber