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Critique

OPERA. A Nancy, le metteur en scène texan revisite «la Barrière de jacinthes», inspirée des dictatures africaine et cubaine. Avec une passion inédite. Wilson met la Barrière au sommet. Scourge of Hyacinths. Mus. Tania Leon. Livret. Wole Soyinka. Ms en sc. Robert Wilson. Ce soir, et le 26 février à 20h30. Le 28 à 15h, à l'Opéra de Nancy. Loc. 03 83 85 30 60

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publié le 25 février 1999 à 23h53

A en croire Bob Wilson, cette collaboration avec le premier Nobel

africain de littérature ­ le Nigérian Wole Soyinka ­ et la compositrice new-yorkaise d'origine cubaine Tania Leon, était inattendue. Le résultat est un opéra contemporain modèle. Une forme musicale au diapason d'une dramaturgie au strict classicisme. Peut-être le spectacle le plus immédiatement sensible depuis des lustres du styliste minimal, qui signe cette nouvelle mise en scène de Scourge Of Hyacinths coproduite par les Opéras de Genève et Nancy (où Wilson fut révélé en 1971 avec le Regard du sourd). Une oeuvre déjà montée à la biennale de Munich 1994, pour la célébration du cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Polyrythmies. Beaucoup pensent de Wole Soyinka qu'il est, plus encore que romancier, homme de théâtre. Ce qu'il raconte en une heure vingt, dans une langue fortement poétique, est la tragédie d'un étudiant victime de la machinerie totalitaire. Alternant scènes de prison (le héros Michel Domingo, rattrapé après une seconde tentative d'évasion, risque la peine capitale) et flash-backs intimes dans la maison de la mère, Scourge Of Hyacinths est, derrière la simplicité des images et le caractère universel de son message, d'une densité impressionnante. Il y a la complexité lumineuse du matériau musical. Pour exemple, les trois interludes percussifs, au motif semblable,propulsés par un moteur différent. Des interludes qui par leur degré de polyrythmie, les mouvements contrapunt