Interviewer Underworld, dans un de ces hôtels parisiens où le
show-biz télé a ses habitudes, c'est mesurer à quel point la scène électronique a évolué ces dernières années. Cueilli au milieu du marathon mondial de promotion de leur troisième album Beaucoup Fish, le trio enchaîne comme une vulgaire pop star les entretiens minutés. A demi-mot, sa maison de disques française reconnaît qu'elle va «mettre le paquet côté promotion» et qu'elle compte «en vendre au moins cent mille». Affable malgré la fatigue («après tout cela fait partie du boulot»), Darren Emerson, le DJ du groupe, enchaîne les banalités. «Cet album a véritablement été fait en groupe blah blah" Nous n'avons pas de plan de carrière», etc.
«Fans en furie». Croisé à Londres quelques semaines plus tard, Karl Hyde, le chanteur guitariste et éminence grise d'Underworld, reconnaît qu'il est encore «un peu effaré par tout ce cirque». Depuis qu'il traîne dans le monde du disque, il a eu le temps de prendre du recul. Avant de fonder à l'aube des années 90 ce qui allait devenir l'une des plus grosses machines de la scène dance (sauf en France où Underworld n'a «explosé» que tardivement), Karl Hyde formait déjà Freur avec Rick Smith (le clavier d'Underworld). Certains se souviennent de leur Doot Doot qui fut un tube new wave en Italie. «Nous étions tellement fauchés qu'il nous arrivait de servir de cobaye à la médecine pour un peu d'argent. Et puis soudain nous roulions en limousine, descendions dans des palaces et mangions d