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Chanson

Les copains Debord

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A la faveur de la réédition de l'introuvable disque situ «Pour en finir avec le travail», révélation de l'identité de quelques auteurs, masquée en 1974: Guy Debord, Vaneigem, Roda-Gil ...
publié le 27 février 1999 à 23h54

L'album, paru en 1974, introuvable depuis, était devenu un mythe: la seule trace discographique qu'ait laissée la mouvance situationniste, soit neuf chansons appelant toutes à une révolution violente, la plupart «détournant» un air connu, selon une des plus typiques pratiques du groupe situ (mais les chansonniers, en composant leurs chansons sur des airs en vogue étaient depuis toujours des situationnistes à la Monsieur Jourdain).

Depuis longtemps, les initiés se passaient le mot: la plupart des chansons de l'album étaient signées Jacques Leglou, compagnon de route des situs, mais certaines «anonymes» auraient été écrites soit par Guy Debord, ou par Raoul Vaneigem" On murmurait aussi le nom de Roda-Gil, plus connu aujourd'hui pour ses activités dans le Top 50 qu'en tant qu'anar (même si une romance comme Il neige sur le lac Majeur, chantée par Mort Shuman, fait allusion à une célèbre anecdote de la vie de Bakounine).

Leglou, devenu producteur. Plus besoin de jouer les analystes stylistiques pour «démasquer» les auteurs: pour cette réédition, les signatures sont accolées aux chansons. On retrouve sans étonnement dans la Java des bons enfants le laconisme sardonique de Debord, et dans la Vie s'écoule, le temps s'enfuit l'obsession temporelle récurrente chez Vaneigem. Le seul emprunt au passé est un anonyme daté de 1892, le Bon Dieu dans la merde, popularisé par Ravachol qui la chanta en montant à la guillotine" avant que le couperet ne l'empêche d'aller jusqu'au