Richard Desjardins est un svelte quinquagénaire heureux. En dix ans,
il s'est hissé au rang des plus grands du Québec, en partant d'un disque autoproduit, septième vente en 1992. Depuis, il a été repris par Francis Cabrel (Quand j'aime une fois, j'aime pour toujours) et reconnu par l'Europe francophone. Son nouvel album, retour aux guitare-voix et piano-voix des origines, a donné envie aux médias québécois cet hiver de s'intéresser à cet homme qui revendique son parler d'«habitant» («paysan»), tant estimé hors du pays. En concert, là-bas, on a pu vérifier l'étendue de son public (de l'universitaire au gaillard white trash arborant ses tatouages par moins 20 °C) et, qu'au-delà de ses chansons d'amour au lyrisme échevelé, ses fans se retrouvent dans ses railleries antisociales. Desjardins dérange au sujet des Amérindiens, du saccage de la planète, mais ça ne tourne jamais au prêchi-prêcha. Boom Boom, dans les bacs avec trois mois de retard sur Québec, il investit le théâtre Déjazet en amorce d'une tournée «chez les francophones d'Europe», avant de s'installer pour un an à Toulouse. Rencontre dans un bar parisien.
Chanson française. «Ma mère était pianiste, elle a rencontré mon père dans une chorale. J'ai commencé le piano à 9 ans. La guitare est venue après; quand on fait du canot avec une blonde, un piano, c'est trop lourd" A 16 ans, j'accompagnais mon frère, qui faisait de la chanson française avec une très belle voix, il pognait! Je devais faire des réductions piano des succ