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Libération
Critique

La photo, jeu de societé sous Victoria.Au siècle dernier, les riches Britanniques raffolaient de cette invention. Exposition à Paris. Tableaux vivants, fantaisies photographiques victoriennes (1840-1880) jusqu'au 6 juin au musée d'Orsay, 1, rue de la Légion-d'Honneur, Paris VIIe; tél.: 01 40 49 48 14. Catalogue (150 F), RMN, texte de Quentin Bajac. A signaler, aussi, le Photo Poche no75 sur Lewis Carroll (54 F), Nathan, texte de Colin Ford.

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publié le 8 mars 1999 à 23h56

Même sous le règne de la vertueuse Victoria (de 1837 à 1901) et de

son fragile époux, le prince Albert, qui la laissa si tristement veuve en 1861, on ne s'ennuyait pas toujours au siècle dernier. Du moins, chez les gens fortunés, prompts à goûter en groupe ou en famille aux délices d'une invention toute fraîche: la photographie. C'est cette passion pour le divertissement organisé qui saisit frénétiquement les amateurs comme les professionnels, dont rend compte, en soixante-dix photographies, une exposition proposée par le musée d'Orsay dans le cadre d'une «Saison anglaise» (1) très élargie, car certains photographes sont" écossais. Son titre: Tableaux vivants, fantaisies photographiques victoriennes (1840-1880). Son propos: une leçon de plaisir.

Reflet de l'époque. Il faut voir comment, à partir des onze photographes retenus, dont ce cher Lewis Carroll (2), il est possible de balayer toute une époque et toute une société, à l'égal des romans qui paraissent en Angleterre, parfois sous pseudonymes, entre Charles Dickens et Emily Brontë. Temps difficiles pour les pauvres quand la bonne société britannique se plaît à détourner la morale et à réunir, sur un même cliché, domestiques et amis de passage, peintres et écrivains. Ou à métamorphoser telle femme de chambre en madone, comme Julia Margaret Cameron, l'une des deux nobles dames de cette exposition stimulante. Avec lady Hawarden, Cameron domine haut la main ces fantaisies victoriennes sur papier. Elles réussissent, l'une et l'