Ceux qui ne connaissent pas Cosi Fan Tutte vont adorer ce coffret
splendidement présenté qui, aux trois CD audio de l'oeuvre, ajoute un CD-Rom proposant un «voyage interactif» dans le monde de l'opéra mozartien: biographie hypermédia du compositeur (textes, sons, images, cartes), historique de l'oeuvre, analyse détaillée de la partition, présentation vivante des personnages, livret défilant simultanément avec le son à l'écran, et entretien avec René Jacobs, chef et musicologue à l'autorité mondialement reconnue dans le domaine du baroque. Les autres, qui suivent le travail de Jacobs depuis plus de vingt ans, attendaient avec impatience que le contre-ténor et chef auteur de versions de référence de Monteverdi et Haendel donne sa vision, débarrassée de l'héritage romantique, de Mozart.
Derrière la munificence des interprétations de Böhm, Solti, Davis ou Karajan, des voix coulées dans l'or de Lucia Popp, Kiri Te Kanawa ou Schwarzkopf, beaucoup ont fini par oublier une certaine vérité de Mozart: celle du théâtre musical. Une voie dans laquelle se sont engagés les artisans de la révolution baroque, comme William Christie, avec qui Jacobs fonda le Concerto Vocale en 1977, et surtout leurs fils spirituels, tels Marc Minkowski ou Christophe Rousset. Ce Cosi Fan Tutte dont on parle déjà beaucoup il a aussi des détracteurs qui lui reprochent l'absence de «grandes voix» est l'occasion de faire un point sur la série d'événements scéniques que propose René Jacobs en France cette année,