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Libération
Critique

THEATRE. «Ce soir on improvise», mis en scène par le successeur de Strehler au Piccolo, fait halte à Paris. Pirandello texto et magnifico. Ce soir on improvise, De Luigi Pirandello, mise en scène de Luca Ronconi, en italien surtitré, jusqu'au 17 mars à l'Odéon-théâtre de l'Europe; tél.: 01 44 41 36 36.

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publié le 10 mars 1999 à 0h04

Il y a Tchekhov, au tournant du siècle. Appartenant encore au XIXe.

Ainsi qu'Ibsen, qui ­ un brin précédemment ­ fit entrer le diable dans le salon. Si l'on pose sans sourire cette question (forcément bête) de savoir quels sont les auteurs capitaux de ce XXe expirant, les inventeurs de théâtre, d'aucuns répondent: «Avant tout, Brecht»; ou résument: «Beckett, puis plus rien.» Qui encore? Bien sûr, dans les grands ayant à jamais modifié l'art dramatique, il y a Luigi Pirandello: ce Pirandello avec lequel Giorgio Strehler entama (1947), couronna (1963), puis clôtura (1993) sa trajectoire d'astre, en montant et remontant les Géants de la montagne, pièce ultime et quatrième maillon, désespéré, lyrique, testamentaire, du «théâtre dans le théâtre».

Virtuosité et humilité. Luca Ronconi, lui, a attendu l'année 1994 pour aborder ces mêmes Géants de la montagne, qu'il donna en langue allemande à Salzbourg. Comme si, durant longtemps, il avait esquivé l'univers du poète né en 1867 près d'Agrigente et qui se consola de voir sa femme perdre la raison en vivant-rêvant un amour (fou) pour l'actrice Marta Abba. Depuis le 1er janvier dernier, Ronconi assume l'impossible «succession» du fondateur mythique du Piccolo Teatro. Il a pris le relais, déménagé de Rome à Milan. Strehler est mort, vive le seul autre Italien: Ronconi, donc! Gentleman romain d'apparence tranquille, toujours un peu à distance, cet artiste singulier, prolifique, a su rester un chercheur au regard oblique: il n'emprunte jamai