Les masques dogons sont de sortie dans la petite ville moyenâgeuse
de Vitré. Sous leur bonnet, avec leurs socquettes, les danseurs font face aux giboulées de mars. Ils ne semblent pas perturbés, malgré le changement de climat, le voyage du Mali à la Bretagne, via Paris. Ils ont été accueillis par les familles du «village» de Pierre Méhaignerie, y dorment, y mangent. Cette hospitalité rassure la vingtaine de musiciens et de danseurs de la falaise de Bandiagara. La plupart sont des cultivateurs, trois sont guides touristiques et un, pharmacien. Le plus âgé a 72 ans, le plus jeune, 28 ans. Ils sont invités par la Maison des cultures du monde dans le cadre de son Festival de l'imaginaire, après une petite tournée en province. Le spectacle commence par des cris qui s'échappent de la coulisse. Il s'achève par une harangue en sigi so (langue secrète). Il faut l'admettre, c'est troublant, même si les Dogons, plus malicieux qu'il n'y paraît, ont l'art d'entretenir le mystère autour de leurs rituels. La garantie de l'authenticité en quelque sorte, qui ravit le public, certain alors de n'être point pris pour un vulgaire touriste avec programme folklorique à la clef. Le programme proposé par les Dogons contactés par Françoise Gründ, ethnoscénologue, conseillère à la Maison des cultures, se situe en fait entre la cérémonie d'initiés et le spectacle public. «Il y a, explique Sekou Dolo, qui a réuni le groupe des musiciens et des danseurs, lui-même chanteur et percussionniste, une partie s