Avec ses caméras Aaton, 16 et 35 mm, adaptées au cinéma porté, Jean-Pierre Beauviala a poursuivi le travail d'André Coutant. Créateur assez exceptionnel de machines de prises de vues, ce petit industriel utopiste (père de la «paluche»), ami des cinéastes (Godard, Depardon), nous livre ses réflexions sur la caméra de demain.
«En matière de légèreté, de maniabilité, on ne fait pas mieux aujourd'hui que les caméras vidéo numériques. Elles sont petites, très légères, d'une grande souplesse d'usage. On peut encore faire plus maniable, mais cela va devenir difficile. Ou alors nous allons arriver à la caméra greffée dans l'oeil, comme celle que porte Harvey Keitel dans la Mort en direct, le film de Tavernier (1979). Mais je crois que ce serait une grave erreur. Le meilleur point de vue n'est pas forcément celui de l'oeil. Le fonctionnement de la caméra et celui de la vue sont différents. Le cerveau rectifie la perception oculaire. Il est illusoire de penser l'imiter.
«J'ai longtemps défendu l'utilisation de la caméra portée, j'ai aimé les hésitations du cameraman en mouvement, ce que j'appelais la "vibration du regardeur, qui permet de recadrer et d'ainsi mieux appréhender la profondeur. Je défendais la caméra à l'épaule, maintenant je préfère la position juste, la caméra fixe, placée à bonne hauteur, à bonne distance et avec le bon angle. La peinture nous fait comprendre que ce qui compte, c'est le bon cadre, qu'il faut un certain décalage avec la réalité, et surtout qu'il faut choi