New York, de notre correspondant.
«Maintenant que la Cour suprême nous a donné le feu vert, nous pouvons enfin commencer à nous préparer pour le procès. Oliver Stone est en tête de notre liste!», se réjouit Joseph Simpson, l'avocat du petit bourg de Louisiane en guerre contre Hollywood. En attaquant en justice le réalisateur du film Tueurs-nés (Natural Born Killers) et le studio qui a produit et distribué le film (Time Warner), l'avocat utilise un argument qui, jusqu'à présent, a toujours été rejeté par les tribunaux américains: il accuse le film, par sa violence, d'être directement responsable d'une fusillade en 1995 à l'issue de laquelle sa cliente, Patsy Byers, employée dans une station-service et blessée dans des circonstances comparables à celles décrites par Oliver Stone dans son film, avait été paralysée à vie. Patsy Byers est décédée depuis d'un cancer, et sa famille a repris la plainte. En confirmant une décision antérieure d'un tribunal de Louisiane qui avait refusé de clore l'affaire, la Cour suprême a, semble-t-il, franchi un seuil nouveau: c'est, en effet, la première fois qu'une telle plainte contre un film n'est pas rejetée comme abusive au motif qu'elle mettrait en cause le Premier amendement de la Constitution américaine qui garantit la liberté d'expression.
Prouver l'intention de Stone. «La portée juridique de cette décision n'est, fort heureusement, pas aussi sérieuse qu'elle en a l'air», souligne toutefois David Korzenik, un avocat new-yorkais, spécialiste