Avant le retour en grâce des conteurs dans le grand public, Henri
Gougaud a été l'un des premiers à rendre aux contes et légendes leur parole thérapeutique. Pour lui, les contes ne parlent pas du monde de l'enfance, mais de l'enfance du monde. Ecrivain et parolier (Ferrat, Gréco, Reggiani l'ont chanté), il revient aujourd'hui de son Languedoc sur la scène parisienne avec ses mots ciselés pour sortir de leur gangue ancestrale quelques «contes de l'envie d'elle et du désir de lui» au parfum de musc et d'encens. Interview suave.
D'ou vient votre passion pour les contes?
Etudiant en lettres à Toulouse, j'avais un professeur ethnologue, René Nelli, qui collectait la tradition orale du Languedoc. C'était l'époque où, avec Vilar, on se posait la question de la culture populaire. Grâce à lui, je me suis mis à engranger des contes comme du grain dans un grenier à blé, avec l'idée de m'en servir un jour comme écrivain. Je me suis retrouvé ainsi à récolter des histoires sans utilité apparente, qui ont pourtant traversé les siècles, les guerres, les pestes et l'oubli, portées par le média le plus fragile qui soit: la parole.
Qu'est-ce qui vous a conduit à raconter ces histoires en public avant la «mode» du genre?
Entre 1974 et 1978, Claude Villers m'a invité à collaborer à l'émission de France Inter Marche ou rêve pour raconter quotidiennement une histoire recueillie dans «la France profonde». Par la suite, des gens m'ont demandé de continuer dans des soirées. Mais cela m'étonne toujours que