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Libération

Lowell Fulson, l'oublié du blues. Le barde sudiste est mort à 78 ans.

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publié le 18 mars 1999 à 0h11

Il y a quelques mois, Lowell Fulson détaillait sa pauvre vie de

chanteur de blues à un certain Mark Humphrey. L'essentiel de ces conversations décousues, terre à terre, anecdotiques, bluesy en un mot, se retrouve dans les impeccables notes de pochette de son «dernier disque» (Arhoolie, Media 7/Musisoft). L'ironie veut que cet ultime album (indispensable à tout amateur de blues archaïque), sorti quelques mois à peine avant la mort, le 6 mars, à Los Angeles, de ce personnage à la fois ordinaire et atypique, renvoie à ses débuts: My First Recordings est en effet le testament généalogique de Lowell Fulson, une compilation raisonnée, maniaque, de vingt-six de ses titres acoustiques rarissimes gravés entre 1946 et 1951. On n'y trouvera pas son seul grand succès rythm'n' blues de 1954, Reconsider Baby (The Complete Chess Masters, PolyGram/Universal), repris astucieusement par Elvis Presley quelques années plus tard. Obsolète? Pourquoi s'intéresser aujourd'hui, à part cette mort tardive (il avait 78 ans), aux musiques tristement urbaines de Lowell Fulson? A l'heure du triomphe mondial du FM Chicago blues, ce primitif lyrique, poète des six cordes, vrai barde sudiste, sonne obsolète. D'étranges affinités le lient à son contemporain texan, l'imaginatif Lightnin' Hopkins: mêmes jalousies urbaines et tristesses poisseuses sur de vieux plans ruraux, accords campagnards et répétitifs, noueux, à la manière d'un Muddy Waters devant le magnéto d'Alan Lomax, dans sa plantation du Mississippi.