Quand Anton Kouznetsov est revenu dans sa ville natale en mai 1998
pour mettre en scène les Bas-Fonds de Gorki au Théâtre du Drame de Saratov, ce fut un peu comme le retour de l'enfant prodige. Il avait grandi dans cette vieille ville de la Volga, y avait fait ses études de théâtre, avait vu des acteurs comme Jankovski jouer l'Idiot sur la scène du «Drama» dans une mise en scène de Zeïtoun. Avec un copain d'école, Ivan Verkhovitkh, il avait créé une troupe, l'ATX (Académie de l'art théâtral). Et puis les amis s'étaient séparés. Ivan resta à Saratov, bricolant depuis dix ans des petits spectacles épatants dans des conditions de précarité extrême. Anton partit. Pour Saint-Pétersbourg. Où il fut l'un des neuf à former la première promotion de la classe de mise en scène de Lev Dodine. Cinq années d'études pendant lesquelles Anton Kouznetsov joua aussi dans certains spectacles de Dodine, dont Gaudeamus. C'est au cours de la tournée française de Gaudeamus que les hasards des rencontres firent qu'il resta en France. Il y monta plusieurs spectacles dont les Petites Tragédies, de Pouchkine (à Dijon), et Camera Obscura, d'après Nabokov (au Petit Odéon). Aujourd'hui, c'est le spectacle russe les Bas-Fonds, créé au Théâtre du Drame de Saratov, qui vient à Corbeil-Essonnes (au demeurant coproducteur), ville où Kouznetsov travaille sur des auteurs comme Koltès en animant des ateliers théâtre dans les quartiers dits difficiles.
Habitué au système de Dodine, qui demande beaucoup d'initiative