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Libération
Interview

«Je n'avais pas chanté depuis 45 ans». Le contrebassiste Charlie Haden a retrouvé la voix.

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publié le 20 mars 1999 à 0h13

«J'avais déjà utilisé des cordes avec le quartette West dans l'album

Always Say Goodbye. Mais je rêvais d'enregistrer un disque entier avec une section de cordes et des vocalistes. Un projet sans cesse repoussé à cause de mes autres activités: les duos avec Pat Metheny, Kenny Baron, Chris Anderson. Et puis l'occasion s'est enfin présentée. Mon unique souci consistant à inviter des chanteurs d'exception. Du niveau de Frank Sinatra, Jerry Southern ou Billie Holiday. Ceux-ci ayant disparu, le choix de Shirley Horn et de Bill Henderson s'est naturellement imposé. Le public avait un peu perdu de vue Bill Henderson depuis qu'il a cessé de chanter pour faire du cinéma. Je pense que grâce à ce disque beaucoup de gens vont le découvrir ou renouer avec lui, pour peu que son nom leur soit familier.

Pourquoi avoir décidé vous-même de chanter?

Mes parents avaient un groupe au programme du Grand Ole Opry à Nashville. J'ai commencé à chanter avec eux dès l'âge de 2 ans. Et j'ai continué jusqu'à 15, à raison de deux shows radiophoniques quotidiens. Jusqu'à ce que je sois victime d'une attaque de poliomyélite et que mon visage soit paralysé du côté gauche, ce qui a affecté mes cordes vocales. Le vaccin n'avait pas encore été développé à cette époque-là. Le médecin m'a expliqué que je pouvais m'estimer heureux, parce que ni mes poumons ni les nerfs moteurs n'avaient été touchés. J'avais donc des chances de guérir, ne conservant que des séquelles au niveau vocal et une certaine faiblesse des mus