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Rideau pour Gratien GélinasIl était le père du théâtre québécois.

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publié le 22 mars 1999 à 0h13

Montréal de notre correspondant

De tous les rôles qu'il aura tenus, le plus important, aura été pour Gratien Gélinas, décédé mardi à 89 ans, celui de mettre au monde le théâtre moderne québécois, d'enfanter malgré lui des dramaturges, comme Marcel Dubé et Michel Tremblay. Les pièces Un simple soldat (1958), du premier, et les Belles-Soeurs (1968), du second, se révèlent être les héritières de Tit-Coq (1948) et de Bousille et les justes (1959), deux oeuvres avec lesquelles Gratien Gélinas a osé, pour la première fois, s'attaquer à la société élitiste du milieu du siècle, inféodée à l'Eglise.

«Gratien Gélinas a été l'initiateur d'un théâtre québécois mettant en scène des gens ordinaires et se déroulant en milieu urbain», souligne Marcel Dubé, qui a vu nombre de ses pièces créées à la Comédie-Canadienne, qu'avait fondée ce «pionnier» en 1957. «S'il n'avait pas été là, ni le théâtre de Dubé ni le mien n'auraient été pensables», renchérit Michel Tremblay, qui a «toujours vu dans le personnage de Fridolin (créé en 1937) une sorte de Gavroche québécois qui vient, avec insolence, dire sur scène ce que tout le monde pense tout bas du pouvoir». «Tous les héros des pièces de Gélinas sont des "petits qui réussissent, à force d'astuce, à triompher des grands" une allégorie du peuple québécois, note Jean-Pierre Germain, que l'ancien Premier ministre René Levesque a, un jour, incarnée dans la vraie vie.»

Comédien, auteur dramatique, metteur en scène, Gratien Gélinas, né dans la région de Troi