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Ousmane Sow met la guerre en Seine

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Sur le pont des Arts, à Paris, le sculpteur sénégalais expose, entre autres, «Little Big Horn».
Des touristes et des parisiens regardent, le 19 mars 1999 sur le pont des Arts à Paris, les saisissantes sculptures du Sénégalais Ousmane Sow. (Alexander Joe. AFP)
publié le 23 mars 1999 à 23h56

[Ousmane Sow est mort le 1er décembre 2016 à Dakar à l'âge de 81 ans. Nous republions cet article à cette occasion.]

Les enfants s'amusent beaucoup. Le cow-boy tire sur l'Indien. Le Cheyenne scalpe une tunique bleue. La guerre est jolie sur le pont des arts à Paris. L'artiste sénégalais Ousmane Sow y a installé ses grandes sculptures (1).

D'Afrique et d'Amérique

Elles ont l'air d'être en terre, mais le mélange qui les constitue leur assure une solidité à l'épreuve des rafales de vent. Fixées sur un sol de tréteaux, elles racontent l'histoire des ethnies africaines, les Noubas, les Masaïs, les Peuls, mais aussi la bataille de Little Big Horn qui vit, le 25 juin 1876, l'armée du général Custer se faire écrabouiller par les tribus de Sitting Bull, Crazy Horse, Two Moon et Gall. Scènes belliqueuses traitées à la manière d'une grosse bande dessinée en trois dimensions, un Blueberry revu et corrigé par une technique à mi-chemin entre Rodin et le musée Grévin. Les chevaux s'abattent les uns sur les autres, les coutelas jaillissent, les arcs se bandent, les six-coups font parler la poudre.

Les carnages souriants s'égrènent au milieu de la passerelle, tandis qu'au fil de la Seine, animées par une lenteur indifférente, les péniches se croisent sous le tablier. A l'entrée, côté quai du Louvre, des panneaux explicatifs donnent une version sérieuse de l'événement, genre défense artistique des minorités (africaines et indiennes).

Cela n'empêche pas les promeneurs d'en user plus cavalièrement. Ils grimpent sur les es