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Libération

Grace Chang, icône mandarineLes cha-cha de la star des fifties sont repris par Tsai.

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publié le 24 mars 1999 à 0h16

On a du mal à imaginer ce qu'a été le cinéma de Shanghai. Comme

beaucoup d'autres choses, les Chinois possédaient une dramaturgie accomplie quand les Caucasiens erraient encore par les forêts. Le cinéma chinois a pu bénéficier des incommensurables acquis de la culture de l'empire du Milieu. Les tourments de la guerre civile et de la guerre antijaponaise (pour les Chinois, la Seconde Guerre mondiale commence en 1934 avec l'incident du pont Marco-Polo) ont détruit nombre de copies de cette cinématographie pléthorique. Puis les stalino-maoïstes se sont emparés du pouvoir et, pour reprendre un mot de l'écrivain Bai Xienyong, «ils ont tout interdit». Pusillanimes, les sino-cinécritiques faisaient semblant d'ignorer la riche production qui faisait perdurer l'esprit de Shanghai. Tant pis si, pendant la décennie de la Révolution culturelle, il ne fut réalisé qu'une poignée de films reprenant les opéras «à thèmes révolutionnaires» de Mme Mao, sur lesquels aujourd'hui les sectaires du kitsch se pâment, oubliant les drames qui se cachent sous ces images nulles. La nouvelle vague de Taiwan et de Hong-kong a été nourrie avec les diffusions télé du grand cinéma populaire de Shanghai. L'esprit de la métropole chinoise, tour de Babel, perdure dans ces films qui n'hésitent pas, comme chez Tsai Ming-liang, à faire appel à la Shanghai nostalgia.

Shanghai" On a pu apprécier récemment sur les écrans français la grâce mutine de Zho Quan dans les Anges du boulevard. Quand cette Judy Garland, idole d