Toute petite, lorsqu'elle vivait à Barbès, elle se pavanait devant la glace en chantant les romances entendues l'après-midi au cinéma Stephenson que la providence avait placé sur le chemin entre l'école et la maison. Dès l'âge de 6 ans, Warda se voyait «déjà en haut de l'affiche», en star loukoumisée de comédie musicale égyptienne. Et c'est ce qu'elle a fait, Warda al-Gaza'ïryia, la rose algérienne, l'un des derniers monstres sacrés de la chanson arabe, avec plus de 300 titres à son actif. Après un come-back plus que probant au milieu des années 90, elle fait aujourd'hui l'objet d'une compile retraçant les deux versants de sa carrière, classicisme impeccable et glamour pop.
Hymne à l'Algérie. Warda vit au Caire, dans un grand appartement avec vue sur le Nil; elle y reçoit décontractée, en survêtement, un fichu à la Beauvoir noué dans les cheveux. Ses traits étonnamment limpides lui donnent un air de mime Marceau qu'on ne lui connaît pas sur scène. Itinéraire de Barbès au Caire, en passant par Beyrouth et Alger. Lorsqu'au début des années 1950 son père ouvre le Tam-Tam (Tunisie-Algérie-Maroc) rue Saint-Séverin, le cabaret oriental devient vite le lieu de passage obligé de toutes les stars de la musique arabe: les Tunisiennes Safeya Chamia et Asmahane, l'Egyptien Mohamed Abdel Wahab, père de la musique arabe moderne, Farid al-Atrache, le séducteur druze aux yeux tristes, Mohamed Fawzy" A 10 ans, la petite Warda passe des nuits blanches pour ne pas rater ses ido