Ah oui ça alors là, présenté en ce moment au théâtre de la Cité
internationale à Paris, donne un assez réjouissant exemple de ce qui se développe de l'autre côté de la frontière en termes de théâtre et reste plutôt rare en France. Une manière de travailler le texte à vue, sans metteur en scène, où la représentation n'est jamais l'aboutissement mais une interrogation quotidienne.
Vêtus des mêmes smokings fripés, ils sont huit comédiens à se partager les trente-deux personnages de la pièce du jeune auteur Rudi Bekaert. En un tour de main, ils changent le carton qu'ils portent autour du cou, où est inscrit le nom du rôle, et glissent d'un dialogue à l'autre. Menées au pas de charge, les conversations sont celles d'habitants d'un logement social de Bruxelles où affleurent le racisme, le voyeurisme, la solitude et les petites mesquineries ordinaires. Les pannes d'ascenseur, la météo, les bruits et les cafards des voisins, les immigrés, les feuilletons télé: ils parlent, parlent, disent n'importe quoi et comment.
Ces propos quotidiens ce sont surtout des commères qui ont inspiré l'auteur répétés jusqu'à saturation deviennent paradoxalement une vraie matière de théâtre. Par un jeu très formel, jouant sur les entrées et les sorties, et par un dispositif scénique tout à fait original qui permet aux comédiens d'être à la fois dedans et dehors, le collectif se tient dans une constante distance critique à l'égard de ce qui est dit. Conçue de façon quasi mathématique, à la manière d'une