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Libération
Critique

L'Allemagne s'est trouvé une icône

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Depuis sa mort, Joseph Beuys fait l'unanimité.
publié le 29 mars 1999 à 0h19
(mis à jour le 29 mars 1999 à 0h19)

Au centre du nouveau centre de Berlin, sur le toit de l'ancienne gare de Hambourg, flottent deux étendards imposants. Késako? Etant donné la mégalomanie architecturale environnante dans cette future capitale en pleine érection de monuments administratifs intimidants, on suppute, de loin, quelque oriflamme aux armes d'un bétonneur annonçant héroïquement la finition d'un chantier ministériel. En s'approchant, ça n'est pas tout à fait ça. La gare de Hambourg a été transformée en musée d'art contemporain, et ces deux drapeaux sont imprimés au nom de Beuys, dont la Nationalgalerie présente une kyrielle d'oeuvres toutes venues de la collection du marchand d'art Reinhard M. Schlegel. Rien à voir? Va savoir. Car, au sortir de cette imposante exhibition qui a valeur de rétrospective (1965-1986), cette première impression rétinienne était peut-être la bonne.

Idéologisation post mortem.

Joseph Beuys est un monument en effet, et plus spécialement un monument allemand qui, depuis sa mort, fait l'unanimité dans la célébration nationale. Comme si sa seule figure suffisait pour un refrain germano-germain: il y a un seul grand artiste moderne, il est allemand, et partant «européen» ­ l'adjectif revient souvent sous la plume des critiques allemands ­, ce qui n'est pas rien non plus quand la ville de Berlin clame à tous les coins de dépliants publicitaires qu'elle est désormais le centre du Vieux Continent. Beuys d'un côté de l'Atlantique et, disons, Warhol de l'autre (lire ci-dessus). C'est d'ailleurs le portrait de Jose