La Haye envoyé spécial
Verra-t-on un jour des troupes militaires piller le Louvre, brûler la Bibliothèque nationale ou bombarder Le Mont-Saint-Michel? C'est pour éviter un tel scénario que la communauté internationale a adopté, vendredi à La Haye, un texte révolutionnaire, qui établit une nouvelle classe de criminels: les criminels contre la culture.
Le hasard a voulu que cette conférence diplomatique sous l'égide de l'Unesco se termine alors que l'offensive alliée au Kosovo faisait rage. Coïncidence et symbole en même temps, car ce sont précisément les guerres en ex-Yougoslavie qui sont à l'origine de cette conférence, en mettant en valeur l'impuissance de la communauté internationale à protéger le patrimoine culturel. Le dernier jour, le président néerlandais, Adriaan Bos, a évoqué le drame du Kosovo, qui rend encore plus impératif selon lui «l'établissement de règles humanitaires» dans les conflits. «Le droit humanitaire, après s'être attaché à protéger les civils, doit s'étendre à la culture», appuie Louise Doswald-Beck, représentante du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). «On aurait tort d'opposer les monuments aux hommes, plaide Lyndel Prott, de l'Unesco, la destruction de sites culturels est un immense traumatisme collectif. Des communautés entières en sortent anéanties.» Ce fut le cas quand Dubrovnik fut bombardé et le vieux pont de Mostar détruit. Au-delà, toute l'humanité est concernée, car comment réagirions-nous en apprenant que Venise est en feu?
Arrête