Menu
Libération
Critique

Un album qui sort de l'ordinaire Francis Cabrel. «Hors-Saison» (Columbia), sortie demain.

Article réservé aux abonnés
Douze nouvelles complaintes intemporelles du baladin municipal.
par BAYON
publié le 29 mars 1999 à 0h19

Entre Pierre Perret et Gérard Manset pour simplifier, le cahier des charges d'un Cabrel est strict: troubadour consensuel à la Brassens; moustachu comme le précédent ou Ferrat; un peu Amant de lady Chatterley comme Murat; avec l'accent de Nougaro et le pathos de Brel; bonhomme comme Souchon; poète officiel comme Yves Duteil; engagé comme Le Forestier; rock and roll comme Goldman; avec une sorte de crédibilité à la Bashung. A ne plus savoir où donner de la tête d'affiche, ni de l'air du temps.

Avec sa nonchalance usuelle, ce savoir-faire appliqué mais digne en ténacité d'un Chirac, qui lui a toujours fait décliner telle sollicitation d'Hallyday pour se consacrer à son lopin, suffisant amplement à sa peine et ses besoins, ce lymphatique actif qui fait penser à la Découverte de la lenteur, a fini et réussi en six ans tout rond son neuvième volume sur deux décennies: douze titres standards pour autant de centaines de milliers de CD à vendre (treize en comptant la Courtisane, ovni).

A force. Fastidieux d'abord, ce qui est compris au menu, Hors-Saison, qui se livre en confiance, s'installe à mesure. La bonne mesure de Cabrel est faite de soin artisanal dans la manufacture, de France profonde (celle des clochers), de langueur de guitares en bois (plus un rien d'électricité, piano, accordéon ou cordes), de compassion (esclaves, dragueurs, miséreux), de gaucherie léchée, de révérence (le blues), de souci d'originalité, de bon ton et bon fond en somme, à fins d'agrément