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Libération
Critique

David Sylvian, l’esprit de la ruche

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La quarantaine apaisée, retour de l’ex-Japan, expatrié et heureux de l’être.
publié le 30 mars 1999 à 0h20

«David était le croisement rêvé entre Brigitte Bardot et Mick Jagger», disait de lui Simon Napier Bell, son manager du temps de Japan, à la fin des années 70. Difficile de croire qu’il s’agit du même homme. Les longues mèches peroxydées, la coiffure lady Di, les lèvres aux contours exagérés, l’eye-liner et le fond de teint en quantité ont disparu. David Sylvian, assis dans la pénombre d’une suite d’hôtel du Quartier latin, porte désormais le cheveu court et brun, la moustache et le bouc roux.

Titre énigmatique. L'ancienne idole des adolescentes nippones et icône gay de l'ère néoromantique, aujourd'hui père de famille comblé au mode de vie ascétique, adopte à présent les manières d'un élégant vieux garçon anglais de 40 ans, un peu coincé, franchement réservé. «The most lovely man in pop» semble avoir achevé sa lente métamorphose. Même la voix surprend. Le timbre chaud et grave de crooner sur disque, entre Scott Walker et Bryan Ferry, cède le pas, dans la conversation, à une diction frêle, presque fluette où, derrière son accent gommé du sud londonien, pointent de curieuses intonations américaines. C'est que, depuis son mariage avec la chanteuse Ingrid Chavez, une ancienne choriste de Prince, il y a cinq ans, Sylvian, la plus européenne des pop stars, vit aux Etats-Unis. Cinq ans, c'est aussi le temps qu'il lui aura fallu pour enregistrer Dead Bees on a Cake, son premier véritable album solo depuis 1987. «Des abeilles mortes sur un gâteau», un titre de disque énigmatiqu