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Interview

SOUL. Une rencontre avec l'insaisissable star soul de «R» et de «You Are Not Alone». Le courant d'R. Kelly R. Kelly CD: «R» (Jive/Virgin).

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publié le 2 avril 1999 à 0h33

Dans le spectre soul, R. Kelly a une place à part. S'il n'affiche

pas le palmarès commercial de Sean «Puffy» Combs, il a développé une personnalité plus attachante. En quelques années, il a vendu 25 millions d'albums sans en devenir irritant. Il apparaît presque détendu et se plie par exception à l'exercice de l'entretien. Comme Michael Jackson, pour qui il a coécrit et coproduit You Are Not Alone, il possède une face cachée; et il a beau être connu pour ses vidéos dans lesquelles il apparaît entouré de tourbillons soniques, personne ne sait rien de sa vie privée. Toujours à mi-chemin de la surexposition et de la timidité, il n'a pas quitté Chicago depuis sa jeunesse. Comme si de vivre à Los Angeles ou à Miami risquait de polluer son inspiration.

Il a la réputation de travailler la nuit avec ses ingénieurs de studio à disposition. Ses chansons explorent les méandres de l'amour-tentation sans qu'on sache jamais s'il chante pour la personne aimée, pour sa mère ou pour Dieu. En marge du rhythm'n'blues, souvent futile, ses chansons ressemblent à des hymnes, à des adresses au monde. Ses ballades volontiers tritorturées poussent à l'extrême égomanie, comme les photos de ses albums, qui le montrent pensif. Cette sophistication distingue le travail de R. Kelly. Si le style de R. Kelly est classique (il résiste à la facilité de sampler des tubes disco, comme sur Spendin' Money qui reprend la rythmique d'A Lover's Holiday), c'est que tout semble élémentaire chez lui. Son but est la con