Voilà sans doute le film le plus invisible (1 salle) et le moins
cinématographique du moment. Ce n'est pas mal. On commence par y retrouver un certain air zonard de l'Est, réminiscences de casse-tête fumeux venus de l'autre côté du Rideau de fer: beuveries, brancherie complexée, grandiloquence existentialo-poético-idéologique, rock gueulard, quelque chose comme un surprovincialisme malin et demi confinant au martien esthétique. Le vague intérêt des Buttoners est là. C'est un film étranger. Littéralement. Comme honteusement. On saisit en deux-trois scènes la trame embrouillée et simple à la fois qui va relier le canevas «boutonné». Ici explicitons le titre Buttoners. Ce mot anglais, qui n'existe pas et qu'il faut donc tâcher d'imaginer, est la traduction du titre tchèque Knofilkari et signifie, dans la logique demeurée du film: «boutonniers» ou «boutonneurs», «boutonnophages» à la rigueur. Il s'agit en effet de rapt et d'avalage de boutons «déboutonnage» en quelque sorte. Fiancés accidentés. A ce stade, on hésite à révéler comment, quand et pourquoi s'opère ledit (dé)boutonnage. Au moins peut-on dire: dans la périphérie de Prague, salement. D'une saleté propre sur elle, encore contenue, «boutonnée»; une vulgarité potentiellement chic à ce titre. Pour dégrafer autrement le patron de cette réalisation «surréaliste», on peut évoquer les critiques auxquelles elle a pu donner lieu («un ennui mortel», «laborieux" décourage l'intérêt»"), ou bien les développements auxquels la lo