Oeuvre de jeunesse du grand Shakespeare, Richard III puise
l'essentiel de sa force dans la puissance diabolique du personnage éponyme. «Monstre que la pensée ne peut rêver, horrible ministre de l'enfer», il est le meurtre qui s'avance, le mal incarné. Autour de lui, les autres personnages n'ont presque aucune épaisseur. Ils sont comme des pantins pris dans une danse de mort.
Or, dans le spectacle que Geneviève de Kermabon propose jusqu'au 25 avril à La Villette (en alternance avec le Grand Cabaret de la peur), ce Richard-là a tout bonnement disparu.
A l'origine, le projet reposait sur la présence de Jean-Claude Grenier. Atteint d'ostéogenèse, l'acteur que l'on avait déjà vu avec le même metteur en scène et d'autres comme Joël Jouanneau est mort début février. Geneviève de Kermabon a décidé de continuer, reprenant pour Hervé Paillet ce qu'elle disait de Grenier: «L'acteur qui prête sa chair au rôle-titre, de par la vérité de son corps étrange et hors norme, donne d'emblée à toutes les paroles de Richard une profondeur extrême et éclaire toute la pièce.» Sauf que cela ne marche plus du tout. Ce qui donnait force de présence à Grenier, c'était d'abord ses talents de comédien. Paillet, lui, ne s'impose que par sa difformité.
Or, parier sur le seul handicap physique pour nous donner à voir le fameux scélérat, c'est méconnaître toute la fascination, le pouvoir de séduction du personnage, et tout ce qu'à travers lui Shakespeare nous dit de l'art du théâtre. Le dramaturge élisabéth