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Libération

Aussi connue que la Joconde

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Le projet de Ieoh Ming Pei, décrié a conquis le public.
publié le 8 avril 1999 à 0h31

On l'avait traitée, à l'avance, de «verrue» moderniste, de «bijou Burma» et de «zircon» anachronique, destinée à défigurer l'écrin XIXe de la cour Napoléon. Avec dix ans de recul, la pyramide du Louvre s'affirme, finalement, comme l'emblème le plus réussi ou, en tout cas, le mieux accepté, des grands travaux mitterrandiens. Un monticule signalétique devenu aussi populaire dans le monde que la Joconde elle-même. Cette pointe de verre et d'acier de 21 mètres de haut n'est, de fait, que la partie émergée (autre image consacrée) de l'iceberg «grand Louvre» dont les réalisations se sont essentiellement développées sous la terre et à l'abri des façades de l'aile Richelieu. Les surfaces d'exposition permanentes du mu-sée ont ainsi été doublées (31 000 m2 en 1984, 56 000 m2 aujourd'hui et 60 000 m2 en fin de projet, à l'horizon 2000), le nombre des oeuvres exposées a augmenté de 30 000 à 35 000 et la fréquentation est passée de 3 à 5,9 millions de visiteurs annuels.

Moteur de ces transformations, le projet de l'architecte sino-américain Ieoh Ming Pei (entériné par François Mitterrand en 1984, sur proposition d'Emile Biasini et sans appel d'offres préalable), s'est concrétisé, en surface, par la pyramide, et, en dessous, par le creusement de la cour Napoléon: deux faces d'une même option, qui visait à doter le musée (dont les salles les plus éloignées sont postées à près de 2 kilomètres de distance) d'une entrée centrale et rayonnante, enfouie mais monumentale. A cette gigantesque cry