«Ouvrier fondeur, fourreur, comptable, publicitaire, marionnettiste,
éducateur, journaliste, critique théâtral, éditeur"» Telle était la définition qu'Emile Copfermann donnait de lui-même en quatrième de couverture d'un savoureux et rageur récit autobiographique, Dès les premiers jours de l'automne (1). La liste va en rester là. Emile Copfermann est mort à 68 ans d'un cancer dans la nuit de dimanche à lundi, non sans avoir pris la peine, car son élégance de coeur était sans égale, de remercier par écrit il ne pouvait plus parler celles et ceux qui prenaient soin de lui.
La vie, pourtant, n'avait pas été très élégante avec Copfermann. La sienne avait basculé le 24 septembre 1942, lors de la rafle de ses parents qui avaient fui la Roumanie dans leur appartement du quartier des Enfants rouges. Emile, mis à l'abri à la campagne, échappe à Auschwitz. Mais Auschwitz ne devait plus le quitter, même s'il mit près de cinquante ans avant de pouvoir en parler.
Orphelin par décret de Vichy, marqué au tréfonds, Emile Copfermann ne s'apitoyait pas sur son sort et ne faisait pas profession de son état de victime. Sa formation ne fut pas universitaire mais de terrain: après les orphelinats, les foyers, ce furent les Auberges de la jeunesse et surtout les Centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active (CEMEA). Trotskiste de coeur, il refusa toujours le moindre «encartement».
A la fin des années 50, en pleine guerre d'Algérie, il entre aux éditions Maspero dont il deviendra la ch