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Libération
Critique

La foule, seule. Des lieux de là de Mathilde Monnier, Théâtre de la Ville, 2 place du Châtelet, Paris 4e, 01 42 74 22 77. A 20h30, jusqu'au 10 avril.

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publié le 8 avril 1999 à 0h38

Depuis Nuit, créée en 1995, Mathilde Monnier met le danseur au

centre du spectacle. Dans cette pièce, travaillée en grande partie dans un studio obscur, les interprètes s'étaient livrés à leur propre nuit, réelle ou imaginaire. Dans le triptyque Des lieux de là, qu'elle achèvera à l'automne, elle donne de nouveau priorité au danseur et aux matières chorégraphiques. La première pièce, les Non lieux, créée à Montpellier Danse (Libération du 30 juin 1998), explore les relations entre le groupe et l'individu, le corps solitaire et la masse. Côté jardin, il y a le mou des cartons empilés les uns sur les autres, où s'encastrent les danseurs. Côté cour, c'est le dur de quatre blocs de murs entre lesquels les artistes disparaissent. La forte présence des ego lâchés contraste avec ces effets d'évanouissement. Les individus, qui s'éjectent de la partition commune, sont porteurs du refus de constituer un corps de ballet. A la fin de cette pièce, on s'interrogeait: la danse peut-elle encore croire dans le groupe sans qu'il s'agisse pour autant d'une tribu, et peut-elle faire exister l'individu dans le collectif? Le deuxième volet, Dans les plis, que l'on peut découvrir en ce moment à Paris, y répond. La chorégraphe met à distance la notion d'auteur-chorégraphe des années 80. Dans le même dispositif scénique ­ des couvertures ont remplacé les cartons pour d'autres SDF ­ d'Annie Tolleter, douze danseurs tentent de construire un espace à partager, à déplacer aussi. Tout commence par un ma