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Libération
Critique

THEATRE. Sans pathos, François Berreur met en scène un texte de Jean-Luc Lagarce, mort du sida. Du côté de la vie, jusqu'à la fin Le Voyage à La Haye de Jean-Luc Lagarce, m.s. de François Berreur, au TGP de Saint-Denis jusqu'au 18 avril; tél.: 01 48 13 70 00.

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publié le 9 avril 1999 à 0h39

C'est un récit de voyage qui commence dans une chambre d'hôtel de La

Rochelle et se poursuit, entre gares et aéroports, jusqu'à La Haye, aux Pays Bas, avant le retour à Paris. Une semaine de la vie d'un homme que son métier oblige à voyager: il est metteur en scène de théâtre, et sa compagnie enchaîne les tournées. L'homme, le narrateur, ne va pas très bien: «["] J'avais une gêne de plus en plus pénible à l'oeil droit et je ne cessais, d'un geste machinal, régulièrement, de vouloir chasser un léger nuage que je croyais avoir sans cesse devant moi et qui m'empêchait de lire ou d'écrire, et ne cessait de me fatiguer.» Le «léger nuage» ne présage rien de bon. L'homme est épuisé, ce voyage est sans doute son dernier, il tient à passer un après-midi à Amsterdam ­ «["] Je savais que je devais juste me contenter de voir la ville, à peine, m'en souvenir, il était peu probable que j'y revienne jamais, la regarder une fois encore et cela devait être tout» ­, retourne dans un bar qu'il a fréquenté: «C'était comme ce fut toujours et j'étais comme un mort revenu parmi les vivants.»

Dandy. Pourtant le Voyage à La Haye n'a rien d'un récit morbide, pathétique ou crépusculaire. C'est un texte drôle, l'autoportrait d'un dandy amoureux du théâtre, de la langue et de la vie, impitoyable avec lui-même et les autres, qui pousse le dédain jusqu'à ne jamais nommer sa maladie, même si l'on sait qu'il s'agit bien sûr du sida. A La Haye, le narrateur rejoint la troupe qui doit jouer au théâtre royal, va